Bamboo Airways a fait une entrée remarquée sur la scène aérienne vietnamienne en 2019, avec pour ambition de devenir un sérieux concurrent de Vietnam Airlines, le transporteur national. Cependant, quatre ans plus tard, la compagnie aérienne se retrouve confrontée aux réalités d’un marché aérien asiatique en quête de stabilité depuis la crise du Covid.
Bien que le trafic passagers ait fortement repris au cours de la dernière année, avec une augmentation de 232% entre janvier et août 2023 par rapport à la même période de 2022, cette reprise semble avant tout bénéficier aux transporteurs établis, tels que les compagnies aériennes nationales ou les grands transporteurs privés tels qu’Eva Air ou AirAsia. Les nouveaux entrants, c’est-à-dire les compagnies aériennes créées il y a moins de cinq ans, restent quant à eux fragiles face à la hausse des coûts d’exploitation, à l’inflation, aux perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, ainsi qu’à l’absence de touristes chinois ou japonais, qui pèsent lourdement sur leur équilibre financier.
Selon l’Association des compagnies aériennes de l’Asie Pacifique (AAPA), en août 2023, le trafic passagers de ses quarante membres basés en Asie Pacifique était encore inférieur de 22% par rapport à la période pré-Covid, malgré la reprise de la demande. Ces difficultés expliquent les problèmes rencontrés par plusieurs transporteurs, tels que la suspension des activités de la compagnie low-cost malaisienne MYAirline en octobre 2022, sans aucune perspective de reprise.
Bamboo Airways, quant à elle, a dû rechercher de nouveaux actionnaires en 2022, après l’arrestation de son fondateur et président du groupe FLC pour fraude et manipulation boursière. L’arrivée d’un nouveau propriétaire en juin 2023, avec le soutien d’une banque locale, a entraîné un changement complet de stratégie pour la compagnie. Des rumeurs ont même circulé sur la possibilité de placer la compagnie sous la protection de la loi sur les faillites.
Dans un communiqué, Bamboo Airways a annoncé sa restructuration autour d’une flotte court et moyen-courrier. La compagnie rendra ainsi ses trois appareils Boeing 787 à leurs loueurs et ne conservera que ses Airbus A320 et A321, au nombre de 22. De plus, la compagnie aérienne suspendra ses lignes européennes à partir du 25 octobre, ainsi que ses vols vers Melbourne et Sydney. Seul le réseau domestique, comprenant une dizaine de destinations, ainsi que les vols vers Tokyo et Taipei, seront maintenus. Bamboo Airways prévoit également de s’étendre à l’Asie du Sud-Est, une région qu’elle ne dessert pas encore, mais qui est déjà saturée par Vietnam Airlines, Vietjet et d’autres compagnies aériennes à bas coûts et nationales.
La situation actuelle de Bamboo Airways illustre les défis auxquels sont confrontées les compagnies aériennes émergentes dans un marché aérien asiatique instable. Malgré une reprise du trafic passagers, ces transporteurs doivent faire face à des contraintes financières, à une concurrence féroce et à des conditions économiques difficiles. Il reste à voir si Bamboo Airways parviendra à surmonter ces obstacles et à retrouver sa place sur le marché aérien vietnamien.
Bamboo Airways, qui avait initialement promis d’être un concurrent sérieux pour Vietnam Airlines, fait face à de sérieux défis dans un marché aérien asiatique instable. Malgré une reprise du trafic passagers, la compagnie aérienne doit faire face à des contraintes financières et à une concurrence féroce. La restructuration de la flotte et la suspension des lignes européennes sont des mesures prises pour tenter de redresser la situation.